Les enseignements de la 20e journée du Top14

La Rochelle écrase Oyonnax avec ses jeunes pousses, alors que Montpellier retrouve ses galères à domicile et que Perpignan s’amuse avec Castres. Oyonnax va-t-il retourner en Pro D2 ? L’Aviron peut-il encore croire au top6 ? Retour en long et en large sur les enseignements de la 20^e journée du Top14.

Paris encore une fois vainqueur sans convaincre

Fluctuat nec Mergitur, il est battu par les flots mais ne sombre pas. La devise de la ville de Paris correspond parfaitement à la saison du Stade Français : chaque week-end, on se dit que les hommes en rose vont perdre et pourtant ils gagnent et sont 1ers du championnat. C’est pourtant bizarre : leur jeu offensif semble vide, sans aucune animation pourtant ils s’en sortent. Grâce aux pénalités de Joris Segonds. Le Stade Français a réalisé une belle opération ce week-end en s’offrant le MHR au GGL Stadium (12-10) au bout d’un chassé-croisé conclu par le pied de Segonds, vainqueur de son duel face à Louis Carbonel. Les hommes de Laurent Labit sont ainsi premiers du Top14 avec une avance de 3 points sur le Stade Toulousain alors que leurs récentes prestations, domiciles ou extérieures, nous donnent l’image d’une équipe solide en défense mais qui n’y arrive pas en attaque et manque d’animation dans le jeu ou d’un facteur X. Mais voilà, le Stade Français n’est pas une équipe qui nous fera vibrer par son jeu mais plutôt par ses résultats. La clé du succès ? Une défense insubmersible, quelquefois un éclair de génie de Daquwaka et le reste du temps des grattages qui offrent des pénalités converties par Segonds. Le Stade Français continue ainsi sur sa lancée et la victoire à l’arrachée contre Lyon pour rester 1^er et conserver une belle longueur d’avance sur les autres (le Racing, 3^e, est à 11 points de Paris).

Oyonnax officiellement en Pro D2 ?

Le club de l’Ain s’est une nouvelle fois incliné ce week-end, cette fois-ci contre le Stade Rochelais (40-21) malgré des éléments de jeu satisfaisants. Cependant, la marche entre le Top14 et la Pro D2 semble trop haute à franchir pour les Oyomen. A 5 journées de la fin de saison, Oyonnax compte un bilan de 5 (!) victoires pour 14 défaites et 1 nul. Mathématiquement, l’USO (26 points) pourrait encore revenir au niveau de Montpellier (38 points) mais cela semble très compliqué au vu des dernières prestations que ce soit à domicile ou à l’extérieur, alors que les Ainois affronteront entre autres le Racing 92, Pau et l’UBB à Chaban Delmas lors de leur dernier match. Avec la défaite de ce week-end et celle précédente contre le MHR, les hommes de Joe el Abd sont quasiment condamnés à un retour en Pro D2 la saison prochaine.

La Rochelle gagne et gratte des places dans le top6

Belle opération du Stade Rochelais. Entrés dans le top6 synonyme de phases finales lors de la 18^e journée, les Maritimes n’en sont plus sortis et ont même gratté plusieurs places avec en prime le point de bonus offensif (40-21) qui récompense une domination des Rochelais tout au long du match, malgré un retour d’Oyonnax en seconde mi-temps mais la réaction des Rochelais avec 2 essais coup sur coup a eu raison des Ainois. La Rochelle est ainsi l’actuelle 4^e du championnat avec 51 points, soit à 1 point du Racing 92 (3^e) et compte 2 points d’avance sur l’UBB. L’opération des hommes de Ronan O’gara est encore meilleure car tout le top5 a désormais créé un gap avec le reste du championnat. Par ailleurs, les Rochelais se sont rassurés avant d’attaquer leur 1/8^e de finale de Champions Cup en Afrique du Sud avec une puissance offensive retrouvée avec un pack ultra dominateur bien aidé par le retour des internationaux (Atonio, Colombe, Alldritt) et la sérénité de Brice Dulin. O’gara a aussi profité du large score pour donner du temps de jeu à plusieurs jeunes et cela s’est avéré payant puisque les 2 entrants Oscar Jegou (20 ans) et Simeli Daunicuvu (19 ans) sont allés inscrire respectivement les 5^e et 6^e essais rochelais synonymes du bonus offensif. Bref, quasiment tout est positif que ce soit en termes de jeu ou de classement pour les Maritimes en Top14.

Bordeaux-Bègles n’y arrive toujours pas à l’extérieur

Encore un match à l’extérieur à 0 points pour l’UBB. Pourtant auteurs d’un match abouti face à Toulouse la semaine dernière, les Bordelais ont encore une fois confirmé leurs peines hors de leurs bases. Sans Penaud et Jalibert mais avec LBB, l’UBB n’a jamais su faire face à l’intensité et la solidité défensive mise en place par le LOU à l’image d’un Mickaël Guillard. Menés 10-0 puis 17-0, les hommes de Yannick Bru étaient revenus déterminés en 2^nde période avec un essai de Pete Samu dès la 47^e minute de jeu : le match des Bordelaux-Béglais était enfin lancé. Cependant, comme de trop nombreuses fois cette saison en particulier à l’extérieur, Lucu et ses partenaires ont failli dans les zones de marque. Le moment le plus significatif du match se situe vers la 60^e : l’UBB ne cesse d’attaquer à 5m de l’en-but lyonnais avec du jeu d’avants. A chaque fois, les Lyonnais se mettent à la faute et l’UBB prend la mêlée. Même séquence 3 ou 4 fois de suite puis à la sortie d’une énième mêlée, Tameifuna perd la balle et le LOU se sort de cette séquence sans fin. Résultat pour Bordeaux sur cette action : 10 minutes passées à 5m de l’en-but lyonnais pour 0 points inscrits. De son côté, le LOU ne lâche rien et ira même inscrire un essai à la 80^e pour achever l’UBB. Classé 5^e grâce à leurs belles performances à domicile, les prestations à l’extérieur des Bordelais interrogent : leur dernière victoire remonte au mois de février et un succès à Mayol (37-32) mais à ces difficultés permanentes (défaite à Montpellier pourtant jouable) s’ajoutent aussi les inconstances à domicile (défaite contre Pau 10-20, contre le Stade Français 26-30). L’avertissement est clair pour Bordeaux : le prochain pas de travers risque d’être fatal pour rester dans le top6, et cela passe par une solidité sans faille à domicile et de meilleures prestations à l’extérieur.

Perpignan s’éloigne de la zone rouge et gifle Castres, Le Garrec sort sur protocole et Gibert se blesse

L’USAP de Franck Azéma confirme son retour en grâce et continue de s’éloigner de la zone rouge avec 6 points d’avance sur le barragiste Montpellier. Cela grâce à une démonstration de force des Usapistes dans un stade Aimé-Giral à guichets fermés pour assister aux 7 essais de Perpignan avec notamment un doublé de Ruiz et de Veredamu. Sur une série de 3 victoires consécutives (Toulouse, Oyonnax et Castres), Perpignan peut respirer un grand coup après cette formidable remontée au classement qui les met à la 9^e place du championnat même si les clubs allant de la 7^e à la 12^e place se tiennent tous en un point : la lutte pour le maintien va donc être fantastique, puisque tout peut basculer lors de chaque journée. L’USAP dispose à partir d’aujourd’hui de 2 semaines de pause avant d’affronter 2 concurrents directs : Lyon à domicile, puis Montpellier à l’extérieur. Si Perpignan gagne ces 2 matchs, alors Perpignan est quasi assuré de rester dans l’élite du rugby français et renforce la possibilité de ne (enfin) pas jouer les barrages. L’autre match du multiplex opposait le Racing 92 à Clermont : victoire sérieuse des Racingmen qui ont su concrétiser leurs actions lorsque les Clermontois ont passé 20 minutes dans les 22 adverses pour ne marquer que 2 fois avec un cruel manque de réalisme. Le Racing reste ainsi 3^e tandis que l’ASM est 11^e, mais il y a une ombre au tableau : Le Garrec est sorti sur protocole commotion avant de revenir sur le banc l’air en forme, mais Gibert s’est blessé à la jambe et sa durée d’indisponibilité pourrait être de plusieurs mois.

Toulouse se fait TRES peur à la maison, Ntamack de retour

Coup de chaud à Ernest-Wallon samedi soir. Les Toulousains se sont fait extrêmement peurs face à une Section venue avec des ambitions, symbolisées dès la 4^e minute par l’essai de Gailleton après une combinaison en sortie de touche. Les Toulousains réagissent ensuite avec 3 essais mais la Section va faire de même en profitant d’une erreur de relance entre Paul Costes et Lucas Tauzin. A noter le doublé de Théo Attissogbé qui en a fait baver aux Toulousains. Romain Ntamack est rentré vers la 65^e ovationné par tout le stade et a pu profiter d’une quinzaine de minutes pour revivre les conditions d’un match de haut niveau. Le Stade Toulousain l’a finalement emporté à 3 minutes de la fin et conserve sa 2^e place au classement avec une avance correcte de 8 points sur le Racing, 3^e du Top14.

Bayonne n’y arrive toujours pas à Saint Sébastien, giflé par Toulon

C’est ni plus ni moins une correction pour les Bayonnais. Dans un stade chauffé blanc et ses 38 000 spectateurs, l’Aviron s’est pris une correction. Le résultat du match allait déterminer de la suite de la saison des Basques : une victoire leur permettait de s’accrocher au top6, une défaite les condamnait à jouer le maintien. Etouffé par la pression des Toulonnais et sans inspiration, force est de constater que Bayonne jouera principalement le maintien. Encore une fois, la délocalisation à la Réale Arena n’a pas été la fête du rugby qu’attendait les Basques, déjà battus ici-même par Pau l’année dernière. De son côté, Toulon s’offre une nouvelle victoire à l’extérieur et revient en forme après la mauvaise série du mois de janvier et le retour des internationaux, dont Charles Ollivon auteur d’une passe décisive, fait du bien à tout le groupe varois. Toulon est désormais 4^e à égalité de points avec La Rochelle et à 1 points du racing 95, 3^e, et peut rêver d’un retour des phases finales. Statistique symbole des maux bayonnais, l’Aviron enregistre sa 1^e défaite de la saison à domicile après avoir failli perdre contre La Rochelle (13-12) mais sauvé par un poteau sur une pénalité d’Hastoy, mais n’a surtout gagné aucun match à l’extérieur !

En bref : Toulouse et Paris conservent leurs places au classement, Perpignan s’éloigne de la zone rouge alors que Bayonne s’en rapproche dangereusement. Toulon se place à la 4^e place du classement et peut rêver des phases finales, tout comme La Rochelle qui retrouve son jeu de la saison dernière. Enfin, l’UBB perd encore des points à l’extérieur avec un manque de réalisme et Oyonnax est presque relégué en Pro D2, sauf retournement de situation.